Lyonnais d’origine, le président de The Amundi Evian Championship se remémore l’évolution d’un tournoi désormais Majeur et il souligne son attachement constant à sa région. Interview.

– Franck, comment les Eviannais ont-ils réagi au démarrage en 1994 du tournoi ?

Au début, cela a créé des gênes parce qu’on fermait des routes, mais on a toujours eu le soutien des communes d’Evian et Publier ou du conseil général. Il faut dire que dans les premières années c’était une compétition de week-end comme il y en a dans plein de régions.

– Quel type de fan suivait alors le tournoi, et comment cela a-t-il évolué ?

C’était quasiment une épreuve familiale avec présence des familles des joueuses, de golfeurs locaux, des gens du Chablais, des touristes aussi. En même temps, il ne faut pas oublier qu’Evian est un club centenaire et qu’il y a toujours eu ici une culture golfique. Je n’ai pas honte à dire que c’était une épreuve régionale : tout était très local et rien n’était parachuté. Mais le tournoi a grandi, année après année, et, malgré cela on essaie de toujours garder cet esprit local et accessible. A mesure, les gens d’autres régions, des Lyonnais notamment, sont venus, attirés par la qualité du spectacle. A l’époque, les Européennes étaient très fortes et les Françaises aussi avec à leur tête Marie Laure de Lorenzi ou quelques autres filles dont Sandrine (NDLR, Sandrine Mendiburu son épouse).

– Et il n’y avait pas que la qualité du plateau…

Tout un ensemble d’éléments ont en effet permis de développer l’attractivité du tournoi, comme le réceptif ou le parcours. D’ailleurs, l’origine du tournoi c’est la rénovation en deux temps du parcours initial et l’inauguration qui en a découlé. Mon père (NDLR, Antoine Riboud) avait demandé à Valérie Pamard, notre toute jeune directrice, de monter un évènement pour cette inauguration. On a d’abord lancé un Pro-Am masculin en 1992, puis un Pro-Am féminin l’année suivante qui a bien mieux marché au point de créer l’Evian Masters en 1994. Par parenthèses c’est aussi la réfection du parcours qui nous a permis d’évoluer pour devenir un ‘’Major’’ en 2013.

La presse vous a-t-elle épaulé au début ?

La presse régionale nous a soutenus tout comme les autres médias locaux, puis les Suisses également. En fait, ce sont les acteurs nationaux qui ont été les plus longs à arriver, parce que c’était du golf féminin et que ça se passait à Evian… Sinon, pour ma part, j’ai pu bénéficier des conseils précieux de Jean-Claude Killy qui m’a notamment tuyauté sur les droits télé et recommandé de chouchouter les joueuses.

Les jeunes mis en avant

– Malgré vos obligations, arrivez-vous à suivre l’actualité golfique régionale ?

Je l’ai toujours suivie. On peut être ‘’citoyen du monde’’ et être excessivement connecté à sa région. D’ailleurs je reçois un ‘’certain’’ magazine qui me donne toutes les infos sur ce qui se passe dans la région ! Notre Touring Pro est Lyonnais* – je connais ses parents depuis 60 ans – et je pousse mes équipes à travailler avec les acteurs régionaux. Après tout, je suis né à Lyon, et si j’en suis parti à 18 ans pour mes études, j’y suis revenu avant de repartir côté professionnel. J’ai plein de copains, j’ai connu la création du Verger, celle du Clou. Mon père a été membre du Golf club de Lyon quand il était encore à Saint-Genis Laval, et je l’accompagnais quand il venait à Villette d’Anthon .

– Pourquoi, vous qui êtes attaché aux jeunes, l’Evian Resort GC n’accueille-t-il plus de Grand Prix ?

Parce que notre positionnement est tourné vers les jeunes qui veulent partir aux USA pour mener de front golf et scolarité. En revanche, on a un grand prix jeunes avec le statut de ‘’Majeur’’ et, sans oublier la Haribo Kids Cup, on a initié la Junior Cup qui a reçu plein de grands talents**, ou The Evian U18 et on a accueilli la Palmer Cup pour laquelle je regrette néanmoins le manque de couverture médiatique.

– Ne serait-ce pas un rêve que d’imaginer un jour une licenciée de votre école de golf disputant le ‘’Championship’’ ?

Oh oui ! Mais il y a le fantasme, le rêve et la réalité. Notre école de golf est encadrée par de très bons pros, mais on a peu de jeunes sélectionnés pour les championnats de France. J’ai mis un peu la pression, il y a deux ans, pour qu’on tire de chaque jeune son potentiel maximum. Mais en même temps je refuse pour les épreuves par équipes de payer des joueurs extérieurs.

Recueilli par Roland Botella

 

*Sébastien Gros, sociétaire de Lyon Salvagny GC et pensionnaire du Challenge Tour

**Jordan Spieth, Justin Thomas, Viktor Hovland, etc…