Neuf birdies !!! Pauline Roussin-Bouchard avait fait un job dément ce dimanche 1er septembre pour se positionner en lauréate quasi-certaine du KPMG Women’s Irish open. Avec une carte de 65, soit -8, la native de Montélimar rentrait la tête haute au club-house du fameux domaine historique de Carton House (à Maynooth, comté de Kildare, 25 kilomètres de Dublin). Record du parcours O’Meara égalé sur ce par 73 irlandais qui a vu débouler dans le passé les garçons du Tour européen. Un record de 65 tout neuf, établi une première fois la veille par l’Anglaise Annabel Dimmock, ce qui lui donnait le leadership du tournoi après trois tours.

En attendant que la partie finale arrive, celle de miss Dimmock justement, avec à ses côtés la Finlandaise Ursula Wikstrom, Pauline la Drômoise pouvait juste regretter son tout petit bogey au par 3 n°16, vite rattrapé, cela dit, par son neuvième et ultime birdie de la journée, au 17… Son total définitif de -19 suffirait-il pour gagner ? Qu’allaient faire ses deux poursuivantes, parvenues au départ du fameux par 5 n° 17 à -18 total ? Il y eut un miracle : avec Wikstrom signant un simple par. Mais pas de deuxième miracle, car Annabel Dimmock arrachait le birdie à son tour pour rejoindre PRB à -19 !

Sur le green du 18, c’était finalement le Par pour les deux joueuses, comme pour la Française avant elles… Scores inchangés. Donc on allait devoir repartait sur ce même 18 (par 4 de 357 mètres) pour un inévitable play-off entre Pauline Roussin-Bouchard et Annabel Dimmock. Diffusé en live accessible à tous sur le site du Ladies European Tour, le match franco-britannique allait tenir toutes ses promesses, avec une tension poussée au maximum, suspense et retournements de situation inclus.

Magnifique drive de 290 mètres pour Pauline, qui ne se laissait ainsi que 75 yards (68 mètres) pour son approche. Tee-shot plus difficile pour Annabel, à gauche dans la première tonte de rough et qui se voyait imposer un deuxième coup pour le green bien plus long et compliqué. Mais au final, approche trop courte pour Pauline (tension palpable, coup un peu retenu). Les deux joueuses bouclaient finalement l’affaire avec chacune deux putts et un même Par.

Il leur fallait donc repartir au départ du 18 pour un deuxième trou de play off. Et là, l’exact scénario inverse se produisait. Magnifique départ pour Annabel et « cata » pour Pauline, qui lâchait complètement à gauche, direction le haut rough et ses herbes jaunes grillées par l’été. Avant, quand même, un sauvetage impeccable, pour se remettre juste devant le green et miser sur une « approche-putt » très réalisable.

D’autant qu’Annabel commettait à son tour une approche bien trop courte (la tension encore ?). L’Anglaise, aussi proche du green que l’avait été la Française lors du premier trou de play-off, se retrouvait finalement avec très long putt à venir et des espoirs de birdie réduits. Mais Pauline (la tension ?) manquait sa petite approche, sa balle dépassant le drapeau et ressortant même du green ! Bogey au final pour miss Roussin. Simple Par avec deux putts pour Annabel. La victoire pour miss Dimmock. Quel match, quelle guerre des nerfs pour l’une comme pour l’autre.

De chaque côté, cela dit, ce dénouement au sommet au KPMG Women’s Irish Open, a une très grande valeur. Pour Annabel Dimmock, dont on se souvient qu’elle avait remporté un premier titre sur le LET au Jabra Ladies Open 2019 à l’Évian Resort Golf Club (avec une superbe tenue turquoise restée dans les mémoires), c’est une résurrection après une opération à un pouce en janvier dernier et de longs mois de travail pour tenter de retrouver son niveau. Chemin de croix dont son équipementier textile (celui aux trois bandes) avait tiré une vidéo prête à être diffusée ces jours. Coïncidence parfaite !

Pour Pauline Roussin-Bouchard, il s’agit d’une étape décisive dans cette « reconstruction » qu’elle disait devoir envisager en juillet dernier à l’Amundi Evian Championship (99e, le cut) après un retour pas si éblouissant que rêvé sur le LET, histoire de se régénérer après une année éprouvante sur le LPGA Tour américain. Car après une excellente entame fin février à la Coupe Lalla Meryemau Maroc (très belle 2ème) et une place de 12ème à l’Aramco Team Series à Tampa le 8 mars, rien n’était si facile cette année sur le circuit européen. « Je me suis détruite toute seule » expliquait-elle…

Encore le 15 août dernier à l’Open d’Écosse, alors que le jeu était en train de revenir aussi fluide qu’avant, la sportive et montagnarde si amoureuse du fief familial d’Orcières-Merlette, essuyait une carte finale de 80 pour finir 48ème… Pas de troisième victoire de carrière sur le LET à Carton House (après ses succès de 2021 et 2023) mais c’est vraiment passé tout près pour Pauline, 24 ans, grâce à une semaine irlandaise qui se termine en apothéose avec ces neuf birdies/journée et ce magnifique match pour finir « runner-up ».

Derrière Pauline, qui remonte à la 12e place de l’Ordre du Mérite européen (elle était 34ème avant le tournoi), l’autre grande satisfaction rhônalpine de cet Open d’Irlande est venue de Nastasia Nadaud, très bonne 12ème avec une grande stabilité : cartes de 72, 70, 70 et 69. La jeune joueuse d’Aix-Les Bains passe, elle, de 36e du ranking européen à 30e. Nastasia qui on le rappelle, n’a « toujours » que 19 ans ! Moins de réussite en Irlande pour Agathe Sauzon, la Drômoise des Chanalets pointant à la 33ème place.

Place maintenant à la Solheim Cup (13-15 septembre). Puis, un peu plus tard, au Lacoste Ladies Open de France, du 26 au 28 septembre au Golf Barrière de Deauville…

N.V.

Photo ©Tristan Jones / LET