Vainqueur en Afrique du Sud en mars, 13ème de la Road to Mallorca, l’ex-Lyonnais de Salvagny a réalisé une saison très solide sur le Challenge Tour. À 30 ans, plus mature et plus expérimenté, il retrouve le Tour européen avec un appétit féroce.

Vous êtes de retour sur le DP World Tour après une saison très solide sur le Challenge Tour. Mission accomplie ?

Très honnêtement, je ne peux être que satisfait. L’objectif principal qui était de finir dans le top 20 est atteint. Contrairement à l’objectif supplémentaire qui était de terminer dans le top 5. Mais tout n’a pas été simple non plus. Le niveau est très relevé. J’ai l’impression de réaliser une super saison alors que je ne finis que 13ème de la Road. Je suis complètement passé à côté de ma finale à Majorque, mais bon, je suis quand même très content de ce classement. J’ai hâte de débuter la saison sur le DP World Tour, même si j’ai conscience qu’il y a encore du boulot à effectuer.

Sur quoi voulez-vous axer votre travail pour progresser un peu plus encore ?

J’ai envie de continuer le bon travail entamé avec Benoit Ducoulombier. J’ai fait énormément de progrès sur mon wedging. Je score beaucoup mieux maintenant. J’ai encore un peu de lacune au putting. Il n’est pas assez régulier. Il faut que je trouve un truc pour que lors de mes mauvaises semaines, j’arrive néanmoins à rester en haut.

Avec votre classement final, pourrez-vous entrer dans tous les tournois au calendrier 2022-23 du DP World Tour ?

Je pense que je n’aurai aucune chance d’être à Abu Dhabi et à Dubaï (Ndlr, les deux premiers Rolex Series au mois de janvier). Avec le LIV Golf, je ne sais pas si ça va changer quoi que ce soit sur le champ. J’espère jouer. Si ce n’est pas le cas, il y a une quarantaine d’autres tournois au programme. Il y aura donc largement de quoi faire. Pour les premiers tournois de la saison qui débute le 24 novembre, je n’irai pas à l’Ile Maurice et je m’interroge encore pour faire deux des trois dates en Afrique du Sud…

La saison qui vient de s’achever est-elle la plus aboutie depuis que vous êtes passé pro ?  

Complètement ! Cette année, sur le Challenge Tour, il y avait un très gros niveau. Je ne pense pas que les gens se rendent compte à quel point il faut super bien jouer pour finir dans le top 20. Pour moi, le top 45 du Challenge Tour a largement sa place sur le DP World Tour.

Vous venez d’avoir 30 ans, est-ce pour vous l’âge de la maturité ?

Même si je commence à avoir des petites rides sous les yeux, je ne me considère pas comme vieux (rires) ! Je ne dirais pas que c’est le début car je ne me vois pas faire ça jusqu’à 50 ans mais je vais me donner à fond ces prochaines années, et on verra comment ça se passe.  

«  Pas seulement conserver la carte »

2022 est-elle aussi une année charnière pour vous ?

Oui, ce fut assez compliqué. Je me suis séparé de ma femme. Mais je m’en suis plutôt bien sorti. Je pense avoir été solide dans ma tête. Je sais ce que je veux, et je sais où je veux aller. Ce divorce m’a permis, quelque part, de me concentrer que sur mon golf… J’ai beaucoup joué et ça a plutôt bien marché. A moi d’adopter un bon rythme, de ne pas trop jouer non plus et de trouver un bon équilibre dans ma vie personnelle.  

Montées, descentes, cartes européennes… Vous avez tout connu. Quelle est la recette pour perdurer au plus haut niveau ?

C’est une question de niveau de jeu. On fait quand même un métier très compliqué. D’une année sur l’autre, on peut passer de l’European Tour au Challenge Tour. Et vice-versa. Rien n’est jamais acquis. C’est comme une relation amoureuse. Il faut vraiment profiter de chaque moment. Et c’est quelque chose que je n’ai pas assez fait quand j’étais sur le Tour européen. A un moment, je me disais : « qu’est-ce que tu fous là ? » Je n’avais plus envie de jouer au golf alors que depuis tout petit, je rêvais d’être sur l’European Tour. Je ne réalisais pas la chance que j’avais. Golfeur pro, c’est un métier mais c’est avant tout une passion. Le matin, je ne me lève pas en râlant car je dois aller bosser… Il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent le dire.

Vous êtes-vous fixé un objectif pour 2023 ?

Je sais que je suis capable de gagner un tournoi ! L’objectif sera aussi de jouer cette finale à Dubaï dans un an. Cela prouvera que j’aurais fait une très bonne saison. Il ne faut pas avoir peur de voir grand, sans passer pour autant pour quelqu’un d’arrogant. Je sais ce dont je suis capable. Mon ambition, ce n’est pas seulement de conserver la carte. Je veux voir plus haut. Maintenant, il n’y a plus qu’à le faire.

Propos recueillis par Lionel Vella

Photo DR

Retrouvez l’interview de Clément Sordet dans notre numéro 107 Hiver.