Désormais pensionnaire du Tour européen et engagé cette semaine à Abu Dhabi (*), le Lyonnais du Lyon Salvagny GC évoque ses ambitions pour 2016 tout en faisant découvrir une personnalité attachée à l’humain. Interview.
– Sébastien, quand tu reviens au Lyon Salvagny, tu revois Emmanuel Ortega et Dominique Pene, tes deux professeurs. Que t’ont-ils apporté ?
J’ai commencé avec Manu, puis je suis passé avec Dom : les deux m’ont apporté des visions différentes du golf et comme ils voyaient que j’aimais bien ça, ils m’ont alors donné beaucoup d’amour pour ce jeu.
– Tu es né à Villeurbanne, mais tu n’aimes pas trop qu’on en parle. Pourquoi ?
On s’en f… en fait de Villeurbanne ! Ras le bol de voir écrit que je suis né à Villeurbanne : ça n’était qu’une clinique. J’ai grandi à Caluire avant qu’on n’habite notamment Ecully : Je suis Lyonnais !
De passage au Lyon Salvagny , Sébastien s’est amusé à disputer un ‘’syndicat’’ avec ses amis du club – Photo Golf Rhône-Alpes Magazine
« Le Skin game, ça devrait être super »
– Quelles sont tes relations avec les trois autres joueurs lyonnais qui fréquentent le haut niveau ?
Gary (Stal) c’est celui que je que je connais le mieux des trois car on se voit souvent et ce depuis qu’il a 12 ans, et il a eu aussi des résultats très motivants. Raphaël (Jacquelin) je ne le connais pratiquement pas (**) car, quand j’ai grandi, il ne vivait plus sur Lyon. Mais j‘ai gardé dans ma chambre, chez mes parents, une affiche dédicacée de lui, car on a eu, un temps, le même préparateur mental. Quant à Clément (Sordet) je le connais évidemment bien aussi, car même s’il a trois ans de moins que moi, il faisait partie, à Salvagny, du même groupe de niveau que moi. On s’était perdu de vue quand il était aux USA, mais là, on s’est retrouvé sur le Challenge Tour, et on s’est beaucoup rapproché ces derniers mois.
– Le club est en train d’organiser un Skin game avec vous quatre, le 1er octobre. Ravi sans doute ?
C’est top et ça devrait être super sympa. Nous sommes tous enchantés de ce projet et j’aime bien ce genre d’ambiance. En plus, ce sera ici, à la maison !
– En 2016, le golf revient aux J.O. Est-ce que tu peux rêver d’aller à Rio …
Oui… ! C’est un copain qui m’en a fait la remarque en décembre en me faisant observer que les 2 premiers français au classement mondial étaient sélectionnés. Bref, hormis Victor Dubuisson, assuré d’être retenu, c’est jouable si jamais je commence bien l’année (***). Mais ça n’est pas un objectif, et ça pourrait plus l’être pour les J.O de 2020.
En 2016, son objectif c’est avant tout de disputer les Final Series. Donc implicitement de conserver sa carte – Photo Golf Rhône-Alpes Magazine
« Mon Objectif … toujours progresser »
– On imagine que ton objectif 2016 c’est avant tout de conserver ta carte ?
En fait, même si ça peut paraître prétentieux, je n’y pense pas du tout. Mon ambition, c’est de jouer tous les tournois importants de l’année, donc les Final Series. C’est toujours cette histoire de : « Vise les étoiles, au pire tu retomberas dans les nuages, mais au moins tu seras quand même haut ». Dans ce sport on n’a que des CDD, et si jamais je peux avoir une meilleure catégorie de jeu, ça passe automatiquement par le fait de garder la carte. Mon objectif c’est sans cesse d’avancer, et si les résultats suivent c’est top. Si j’arrive à me coucher tous les soirs en étant meilleur golfeur que le matin, ça se passera bien. »
– Avec ce changement de statut, le regard des gens a-t- il changé ?
Le regard des gens change parfois parce qu’ils font passer le golfeur avant l’homme. Parfois je trouve ça sympa car c’est hyper agréable de recevoir des félicitations, mais parfois aussi ça me gêne quand ça vient de potes proches. Là, je les reprends : « On s’en f…du golfeur, je suis avant tout ton pote ! »
– Si les résultats continuent de suivre, ne crains-tu pas de prendre la grosse tête ?
Si ! Je fais attention parce que je sais que, gamin, j’ai eu ces périodes de grosse tête. En fait j’essaie de faire passer sans cesse l’humain avant le golfeur. Qu’est ce qu’on en a à f….. que je fasse des birdies ! En quoi je serai un mec bien, un mec plus respectable si je bats tout le monde ? Je préfère être apprécié par les amis, et respecté par mes pairs golfeurs parce que je suis un mec gentil, attentif, que faire des birdies et qu’on me voit comme un gros c… ! Je pense maintenant avoir un entourage aussi bien familial, amical, que professionnel qui me dira très vite si ça gonfle un peu trop là haut (ndlr : il montre sa tête)
– Dans une interview, tu as dit que, plus jeune, tu étais un ‘’branlo’’…
Ca n’était pas dans l’attitude mais plutôt dans le « way of life ». Avant je ne m’entraînais très peu… au golf comme à l’école, et je m’en sortais bien : ça me suffisait pour me marrer… C’est quand j’ai pris du temps pour m’entraîner que les résultats ont suivi et, du coup, ça m’a motivé. Je ne me considère plus du tout comme un branlo. D’ailleurs j’adore cette phrase de Confucius qui dit « le jour ou votre passion devient votre métier vous n’irez plus au travail de votre vie’ ». Et Benoît Telleria, mon coach, me répète souvent « On ne travaille pas, on s’entraîne. C’est une énorme chance ». J’essaie sans cesse de devenir un meilleur golfeur et aussi un meilleur homme. On peut toujours plus respecter les autres et se respecter…
– Tu pourrais-te définir comme un humaniste ? Un altruiste ?
Humaniste..oui, peut être, un peu, pourtant Dieu sait si ça m’insupportait quand on parlait de ça en cours. Altruiste, un peu plus… en grandissant !
Il a été honoré par son club formateur. Ici en présence de Philippe Bollard président de la SA et Pascal Sordet président de l’AS – Photo Golf Rhône-Alpes Magazine
Propos recueillis par Roland Botella
(*) A Abu Dhabi où il a finalement été admis, il retrouvera le Lyonnais Gary Stal qui y défendra donc son titre, et ce en présence de Jordan Spieth, Rory Mc Ilroy et autres Rickie Fowler. Quel plateau !
(**) Cette interview a été réalisée mi décembre
(**) Sébastien a fini la semaine passée à un honorable 44è rang au Joburg Open (Afs)
